Nox erat
C’était la nuit en coupe où boire son absence
enragé de son manque et moi perdu de moi
en allé à ses monts et vallées à son nom
enlacé elle en mon tréma entremêlée
aux neiges de mon ventre en tourmente pour elle
moi d’elle torsadé d’elle nouée en pluie
C’était la nuit en coupe en souvenir du jour
où drapé de son corps elle vêtue de moi
et moi d’elle tressé d’elle à moi amarrée
où voguant à son eau elle en lames de fond
où livré à l’écume elle en vagues languides
où tremblant sous ses mains elle en pluie torrentielle
C’était la nuit en coupe et violente beauté
d’elle les bras au ciel moi en racines d’elle
de moi en lèvres d’elle en lever de la lune
d’elle en neige flambée en couronnes d’éclipse
et en poignards plongés dans ma blessure d’elle
blessée aussi de moi endolori d’aimer
C'était la nuit Phanès veillait le serpent d'eau
enroulé à son corps Eros en sa vigile
égarait notre songe aux layons de ses bois
et poussé de la terre il montrait son visage
en chair et feuillage en arbre privé d'écorce
en cri de soif au ciel pour la pluie à venir
C'était la nuit tirée en rideau de nos pluies
et nos mains au travers en lunes ruisselantes
en corps mélangés d'âme ou fleuves en merveille
et nos mains à travers pluie font lacis de foudre
nos mains en entrelacs sont d'elle de moi et d'ailes
déployées et tournoient cibles navrées d'Eros
C'était la nuit où sabre au clair les mots fleurissent
d'elle en sang de lui d'elle en sang de moi sans elle
comme versé au creux des mains pour nulle lèvre
moi-même décoché en flèche qui me saigne
versé au fond du ciel je retombe sans pluie
et m'habille de sang — vêtu de toute absence
C'était la nuit grisée de lune en liqueur d'elle
en neige fondue d'elle ardente et vif-argent
en sable blanc grainé pour l’appel de l'écume
sable et verre étamé miroir d'elle en soleil
et moi à ses monts et vallées sentir son souffle
frémir chair et feuillage en joie tirelirant
la naissance
des oiseaux
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