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mardi 26 mai 2009

Pour Athéna, pour Astrig (détournements d'odes mariales)


Détail d'un tableau de Franz von Stuck




Chant parcouru de merveilleux frissons,
chant sur mesure,
tissage virginal, parure,
surgie de l'espace, parure, la voici debout
tel un cyprès aux bourgeons de feu, tel un vase
végétal, et ses doigts, ses doigts irréprochables,
tels des rameaux qui sans cesse verdoient,
et de ses sourcils la voussure, et la finesse
de son regard céleste, abîme lumineux
mais si proche, si près, ses yeux
qui brûlent comme l'heure méridienne.



Ode à la Vierge de Grégoire de Narek, poète Arménien qui a vécu entre l'an 940 et 1010.




Ce grand poète a passé sa vie dans un monastère où il a composé de nombreuses Odes et des Lamentations vibrantes d'amour mystique. La haine chrétienne pour les sens, qui s'est forcément développée en lui, n'a heureusement pas toujours effacé les échos sensuels du paganisme tout proche ; ses poèmes restent probablement apparentés à certains chants païens arméniens, et on y entend parfois encore des échos à des divinités comme Astrig, voluptueuse déesse de l'amour. Ses textes sont imprégnés d'influences arabes et persanes, terres les plus fertiles en poésie, et il est regrettable de voir cette passion mise au service de la destruction chrétienne du corps :

Du tréfonds de la chambre noire où demeurent mes sens et ma pensée, puissé-je surgir vers Toi, telle une victime consentante, puissé-je prendre feu, flamber, me consumer, grâce à toute cette hideuse graisse, et, brûlant, me réduire en cendre...

Comme quoi je n'exagère rien... Mais il y a mieux encore, dans un chant consacré aux martyrs des arènes :

Ballottés par l'atroce guerre, les Martyrs
parvienrent tous aux portes de l'arène.
Vivant leur mort comme le comble du bonheur,
ils furent immolés à la Gloire du Ciel,
selon les lois de la Raison divine.
(...)
Tous brûlaient du même désir
de la mort ; déchirés jusqu'aux entrailles,
le corps inondé de sueur, ils arrosèrent
de leurs pleurs la roseraie de leur sang. Ils mirent
tout en œuvre pour assumer leur mort.
Malheur indescriptible, ils gémissaient, hurlaient,
appelant de leurs vœux un surcroît de souffrance.


Mais baste, revenons à une évocation plus charnelle et vivante, et considérons qu'elle appartient désormais à Astrig, l'Astarté ou Aphrodite arménienne :



Deux soleils, deux brasiers
sur l'océan dilaté de l'aurore :
telles sont ses prunelles océanes,
un déluge d'aurorale lumière.
(...)
Ses bras, ses fines mains formant
une voûte parfaite, elle entre-tisse mille
et une mélodies selon les normes
d'un art inimitable
(...)
Sa bouche est un double pétale,
c'est un ruissellement de roses,
sa langue, telle une harpe de miel.
(...)
Tresses, parures du visage, triples
tresses torsadées, ceignant le joyau des joues.
Sa gorge lumineuse emplie de roses rouges,
et dans la coupe de ses doigts des touffes
de violettes.
(...)
Somptueuse, sa robe : azur et pourpre,
luisante, diaprée, chamarrée de dorures.
(...)
Dans son sillage étincelait
une multitude de perles,
des gouttes de soleil flamboyaient sous ses pas.

Ces poèmes sont tirés des Odes et Lamentations de Grégoire de Narek ; traduction de Vahé Godel. Orphée / La Différence, 1995.


Deux enluminures figurant le bain de Bethsabée.
Je n'ai pas pu trouver les références précises.


1 commentaire:

Anonyme a dit…

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