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dimanche 12 avril 2009

D'une religion qui se pense universelle

René Boyvin - Enlèvement d'Europe



Pour plusieurs intellectuels, l'"horizon de sens" reposerait désormais sur la foi et la transcendance d'inspiration chrétienne ; celles-ci constitueraient le garde-fou contre la perte des valeurs et les menaces que nous ferait encourir le relativisme. De Frédéric Lenoir à Nicolas Sarkozy, la conjoncture semble être au retour du "religieux" : pour le premier, l'attribution au Christ de l'initiative des valeurs démocratiques imposerait le retour dans les écoles d'une philosophie fondée sur l'Evangile ; quant au second, qui reçoit le pape en visite officielle, et pour lequel « un homme qui croit est un homme qui espère », il entend rétablir le financement public des cultes par un "toilettage" de la loi de 1905 sur la laïcité. On peut se demander ce qui sous-tend tous ces discours, et dans quelle mesure ils sont conciliables avec les orientations constitutives de notre modernité.
Ce qui frappe d'emblée dans ces propos, censés replacer le sacré au cœur des préoccupations de la cité, est leur convergence avec la reprise de thèmes nationalistes, la religion étant souvent présentée comme un marqueur identitaire fort. De fait, la question du "religieux" revient souvent, notamment lorsqu'il est question d'évaluer le degré d'intégration des étrangers. Dans une conjoncture historique dominée par les conflits chroniques au Moyen-Orient, par la menace "terroriste" et par la prolifération des fondamentalismes et des intégrismes, tout se passe comme si les Européens éprouvaient des difficultés à concevoir en termes de droit les différences éthiques et culturelles auxquelles ils sont confrontés dans des sociétés devenues pluriculturelles.
(...)
De là découle la contradiction qui déchire notre époque : nous avons affaire en Occident, d'une part, à un modèle sociopolitique égalitaire et inclusif, qui repose sur le contrat et sur l'intégration ; et, de l'autre, à un ensemble de valeurs issues du monothéisme chrétien et se référant à un absolu que l'on prétend universel. (...)
(...)
N'oublions pas que la religion est d'abord une catégorie culturelle ; à ce titre, elle est susceptible d'une approche qui montre comment elle est toujours construite de manière diverse par l'acteur social. N'oublions pas non plus que la notion de religion correspond elle-même à un concept relatif, reformulé dans la mouvance du monothéisme chrétien. Son usage est une redoutable machine pour enfermer les relations entres les cultures et les civilisations dans un horizon religieux unique, et pour réduire les diversités culturelles, sociales et symboliques à une vision absolue et orientée du monde. Les néoconservateurs qui nous gouvernent en font leur lit.

Claude Calame, Silvia Mancini, Mondher Kilani, revue Politis n°1045, p.28 (26 mars - 1er avril 2009). C'est moi qui souligne.



Félix Valloton - Enlèvement d'Europe


... La princesse ose même,

ignorant qui la porte, s'asseoir sur le dos du taureau ;

alors le dieu, quittant par degrés le terrain sec du rivage,

baigne dans les premiers flots ses pieds trompeurs ;

puis il s'en va plus loin et en pleine mer emporte

sa proie. La jeune fille effrayée se retourne vers la plage abandonnée ;

de sa main droite elle tient une corne, sur la croupe son autre main

s'est posée, ses vêtements agités d'un frisson ondulent au gré des vents.


Ovide
, Métamorphoses, II, 868-875.
(basé sur la traduction des Belles Lettres,
redisposée en vers et revue par mes soins)




Fresque de la Villa Oplontis, Pompéi. Enlèvement d'Europe.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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